Portrait d'une membre des Comités
Isabel Casado, membre du Comité Tech Seed et correspondante EPFL pour les FIT-InnoGrants

L’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) est l’un des membres fondateurs de la FIT. Isabel Casado, Head of Startup Incubation Program pour la Vice-présidence pour l’innovation de l’EPFL, est membre du Comité Tech Seed de la FIT, et la correspondante EPFL pour les FIT-InnoGrants.

Qui êtes-vous et quel est votre parcours ?
Je suis ce que l'on pourrait appeler une « genevoise internationale » : je suis espagnole, ai grandi dans une école internationale, suis mariée avec un irlandais, et ai beaucoup voyagé ainsi que travaillé avec des personnes de nationalités différentes, mais j’ai toujours vécu en Suisse romande.

Côté professionnel, je suis un pur produit de l’EPFL avec un Master en informatique durant lequel j’ai notamment développé des algorithmes utilisant des réseaux de neurones – avant même que l’on ne parle d’intelligence artificielle. Puis j’ai démarré mon parcours professionnel dans l’industrie technologique, où j'ai eu l'opportunité de diriger des équipes internationales. Après une quinzaine d’années riches d’expériences, j’ai eu envie de revenir en amont de la chaîne d’innovation. L’EPFL était le lieu idéal.

Aujourd’hui, je pense avoir l’un des jobs les plus cools de l’EPFL ! En gérant les programmes d’incubation, je côtoie quotidiennement des personnes passionnées, débordantes d’ambitions et d’énergie, tout au début de leur chemin en tant qu’entrepreneur·es. C’est incroyablement gratifiant de faire partie de ces aventures en accompagnant ces startupers et de voir se concrétiser leurs idées les plus disruptives.

J’aime faire le parallèle entre ma vie professionnelle et ma passion pour la montagne. Lors de l’ascension d’un sommet, face à une difficulté technique, il faut trouver un point d’ancrage. C’est pareil dans une carrière : à chaque changement, on s’ancre dans une force que l’on amène dans un nouveau poste tout en grandissant dans les autres domaines.

L’EPFL est l’un des membres fondateurs de la FIT. Comment est née cette relation ?
Lors de la création de l’EPFL Innovation Park en 1993, la mise en place d’un soutien financier pour les entreprises issues de l’EPFL s’installant sur le parc était d’une importance capitale. Il fallait également dynamiser tout le Canton dans ce domaine ! Dès lors, l’Etat de Vaud, la Banque Cantonale Vaudoise, la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie ainsi que l’EPFL ont travaillé main dans la main pour créer la Fondation pour l’innovation technologique (FIT) en 1994.
En créant la FIT avant que les start-ups ne soient légion, nous pouvons nous vanter d’avoir été parmi les premiers acteurs de cet écosystème !

Et aujourd’hui, quels sont les liens entre l’EPFL et la FIT ?
Il y a un lien très fort entre nos deux organisations, car nous avons une motivation commune à soutenir les entrepreneur·es de la région. La FIT est un partenaire clé de l’EPFL, et les prêts Tech Seed en particulier ont été de véritables tremplins pour nos start-ups : depuis 1995, plus de 200 spin-off de l’EPFL ont obtenu ce prêt de 100'000 CHF !
Plus récemment créées, les aides FIT Digital apporte aussi un soutien précieux aux étudiant·es dont les start-ups ne sont pas issues des laboratoires. C’est un véritable essor pour la culture entrepreneuriale au sein de notre campus.
Les nombreux succès entrepreneuriaux de ces dernières années et la richesse de l’écosystème inspirent d’autres étudiant·es à se lancer et créent une émulsion de nouveaux projets prometteurs. C’est une dynamique très positive !
 
Vous êtes membre du Comité Tech Seed de la FIT, et la correspondante EPFL pour les FIT-InnoGrants. En quoi consiste précisément votre engagement ?
En tant que correspondante, je participe à la pré-sélection des projets ainsi qu’à leur suivi une fois le soutien octroyé. C’est un travail d’accompagnement et de coaching pour amener les entrepreneur·es à travailler sur leur proposition de valeur, l’acquisition de clients, et la viabilité financière de leur projet. Mais à ce stade, il s’agit surtout d’évaluer l’idée et l’équipe.
Au sein du Comité Tech Seed, je passe du côté du jury, où j’évalue cette fois l’équipe sur sa capacité d’exécution. L’échange entre les start-ups et le Comité est à la fois bienveillant et très direct, ce qui donne un feedback d’autant plus constructif au projet. L’idée est d’user de l’intelligence collective pour sélectionner les projets qui ont du potentiel, tout en restant humbles car c’est évidemment difficile de prédire quels projets vont marcher.

Quel est votre rapport personnel à l’innovation et aux start-ups ?
J’ai forcément un fort lien avec la technologie, du fait de ma formation en informatique, mais les start-ups, c’est avant tout une aventure humaine. Ce sont les personnes qui portent le projet qui vont faire la différence. Il est donc crucial d’avoir une équipe qui se complète avec des personnalités diverses et des compétences différentes. Il n’y a pas de stéréotype de l’entrepreneur·e, mais parmi leurs points communs, il y a sans aucun doute l’audace, la gestion du risque et la ténacité.
Mon rôle, c’est justement de créer un environnement propice à l’épanouissement des entrepreneur·es. Cela implique de les challenger, mais aussi de leur faire confiance et les encourager à écouter leur intuition.
Bien que la gestion d'équipes dans l'industrie et l'accompagnement de jeunes entrepreneur·es soient des rôles très différents, il y a beaucoup de parallèles. Je suis convaincue que dans les deux cas, il faut avant tout valoriser les forces de chaque individu pour leur permettre de grandir.
 
Qu’est-ce qui a changé depuis vos débuts ?
Tout va beaucoup plus vite, et c’est bien ! Il y a un sentiment d’urgence et un momentum incroyable qui poussent au progrès et boostent le niveau des projets. Mais j’aspire à voir encore plus de projets sortir de nos labos.

Une chose que vous retenez de ces dernières années ?
Ces dernières années ont vu des changements radicaux bouleverser nos vies comme le Covid, le changement climatique ou encore l’intégration croissante de l’intelligence artificielle dans notre quotidien. Nous sommes face à beaucoup de transformations dans un monde scientifique qui est également en pleine accélération. Et face à ces défis et ces évolutions importantes, je suis épatée par la capacité d’innovation des scientifiques !

D’autre part, la génération actuelle est motrice d’une innovation engagée et à fort impact, il y a un véritable vivier de personnes passionnées qui veulent changer les choses. Je pense que notre mission, c’est de soutenir cet essor, car c’est lorsqu’on est passionné·e que l’on a le plus de chances de réussir.